Acte III, scéne V : chaos

Kroutchenkov glissa une carte magnétique dans le lecteur et les quartiers de Schumann s’ouvrirent aussitôt. Le chaos dans la base était trop important pour que des gardes les surprennent.

- hé ! je ne savais pas que vous possédiez un passe.

- ce n’en est pas un Breen. Faites moins de bruit et dépêchez-vous d’entrer.

Schumann disposait des locaux réglementaires, c’est à dire un peu moins de 16 m2. Kroutchenkov entrepris une fouille systématique avec une habitude toute professionnelle pendant qu’Elmas s’intéressa au terminal qui trônait sur le bureau. Il ne fallut pas très longtemps avant que l’agent du BRINT ne trouve ce qu’il cherchait.

- on y est camarade, Gernsen avait vu juste.

- de mon côté ça m’a l’air pas mal non plus.

- je croyais que le système et les fichiers étaient protégés.

- ils l’étaient Andreïs… vous n’êtes pas le seul à pouvoir détourner les protections électroniques.

Les deux hommes se plongèrent dans la lecture de leurs documents. Au bout d’une demi-heure, Breen rompit le silence studieux qui avait envahit la pièce.

- si j’en crois le journal personnel de Schumann, sa collaboration avec le colonel a débuté il y a deux ans. Il était atteint d’une maladie incurable et Anderson lui a alors proposé un " pacte ". Du moins c’est le terme qu’il emploie.

- et qu’entendait-il par pacte ?

- c’est là que l’affaire se complique. Anderson lui promettait la guérison en échange de sa conversion.

- qu’il y a-t-il de compliqué ? On est dans le schéma classique d’une relation à intérêts réciproques.

- sauf que Schumann décrit une cérémonie sacrificielle où une entité satanique est apparue.

- Spalding fait aussi allusion à des créatures diaboliques venant d’une autre dimension. Mais en supposant que de telles créatures existent, comment pourraient-elles venir d’un autre espace-temps ?

- de la même façon lorsque nous autres astronavigateurs passons en Tach. La dualité onde-corpuscule a été découverte il y a plus de deux siècles. Franchir le mur de la lumière n’a été ensuite qu’un simple formalisme mathématique.

- da, mais vous oubliez que l’espace Tachyon est régit par des lois astrophysiques qui ne laissent pas de place à l’incertitude.

- ce n’est qu’en partie vrai. Je vous rappelle que l’on ne sait toujours pas ce qui est advenu de l’Event Horizon. A mon avis le modèle physique est loin d’être complet.

- si j’en crois les écrits de Spalding, l’accès à cette autre dimension se trouverait sur le site X et serait délimitée par sept pierres possédant une radioactivité rémanente et gravées d’une étrange étoile.

- la dernière entrée du log de Schumann indique clairement qu’Anderson voulait qu’une des pierres qui a été déplacée par l’expédition archéologique soit remise à sa place d’origine. D’après lui, elles servent à confiner les entités invoquées.

- si tout ceci ne sont pas les divagations de deux esprits dérangés, il est alors possible d’expliquer les attaques que nous subissons et pourquoi les auteurs restent insaisissables.

- vous seriez prêt à porter crédit à ces récits Andreïs ?

- je pense que nous sommes en présence d’éléments que la logique ne peut expliquer. Je vais tenter de localiser la pierre et finir le travail de Schumann. Quant à vous, retourner au Falcon et préparez-vous au pire.

- vous avez raison, si votre théorie est vraie le pire reste à venir pour l’humanité…


Gernsen était allongé dans le noir. D'après sa montre, cela faisait maintenant plus de 2 heures qu'il avait été enfermé. Personne n'était venu lui apporter à manger. Soit Anderson voulait qu'il pourrisse dans son trou, soit la situation s'était dégradée au point qu'il n'était plus possible d'assurer l'intendance. Quoiqu'il en soit, il pourrait toujours sortir quand il en aurait assez. Son bras gauche n'avait pas été démilitarisé et défoncer le mur en préfabriqué ne serait qu’une formalité.

Il n'eût pas à attendre plus longtemps. Des pas lourds résonnèrent dans la pièce voisine et la porte de sa prison fut brusquement arrachée de ses gonds. Dans l'encadrement, une silhouette massive en armure de combat occupait l'ouverture.

- tu en as mis du temps Clément.

- aucun des empaffés qu'on a interrogé ne savait où t’étais enfermé.

Gernsen se souleva de sa couche et sortit de l'espèce de débarras qui servait de geôle. A une vingtaine de mètres il vit une sentinelle allongée en travers du couloir. D'un coup d'œil de coté, il s'aperçut que le poing droit de Clément était couvert de sang.

- ca va si mal que ça ?

- cet enculé d'Anderson nous a envoyé à la chasse aux déserteurs. On a déjà perdu une vingtaine de nos gars et le reste est dispersé. A quoi il joue ce con ?

- je ne sais pas exactement mais on va avoir une discussion privée.

Gernsen s'était emparé du fusil blaster du garde mort et les deux hommes parcouraient maintenant les couloirs de la base à la recherche d'un ami commun portant le grade de colonel.

- Kroutchenkov nous a dit de te récupérer ici. Il te fait savoir qu'il a trouvé le carnet et qu'il faut évacuer illico. Breen nous attend dans son Falcon.

- et le reste des troupes ?

- regarde.

Clément appuya sur la commande d'ouverture du sas extérieur et Gernsen eut confirmation de ce qu'il redoutait. Une fois de plus le bruit des tirs et les faisceaux lumineux des blasters avaient pris possession de la nuit malgré une neige transformée qui tombait sans relâche. Une sérieuse bataille se déroulait vers le secteur médical, à l'endroit où Gernsen voulait se rendre.


Le centre médical était désert mis à part le cadavre d'un homme de l'IM dont les bras avaient été arrachés et jetés contre les murs où ils avaient laissés des traces sanguinolentes.

- Kyle, mes détecteurs indiquent une présence dans la pièce de radiologie.

Les deux hommes s’approchèrent prudemment d'une porte sur laquelle était inscrit "Danger. X-Ray" accompagné du sigle circulaire bien connu pour désigner les matériaux radioactifs. Ils trouvèrent le docteur Hashi Nagatana dans une coin de la pièce, recluse entre deux containers. Elle n'était pas blessée mais avait subi un profond choc émotionnel. Gernsen dû la secouer pour la faire sortir de sa torpeur.

- Nagatana ! Nagatana ! que s'est-il passé ?

- le tengu, un démon venu se venger. Il a surgi dans le labo et s'est jeté sur un de vos hommes et l'a mis en pièces.

Ses pupilles étaient encore dilatées par l'horreur et Gernsen devait la tenir par les épaules pour capter son attention.

- je me suis réfugiée ici et après je ne sais plus.

- ça m'étonne qu'elle n'ai pas été démembrée elle aussi Kyle.

- on verra plus tard Clément. Nagatana, où se trouve Mc Callahan ?

- il avait une réunion d'état d'urgence avec le colonel avant que ne commencent les combats. Je n'ai pas eu de nouvelles depuis.

- bon, suivez-nous on va les rejoindre.

En écartant un des containers, Gernsen remarqua du coin de l'œil l'étiquette apposée dessus. Sur le coup il ne réalisa pas tout de suite et se fut le déclic, comme lorsqu'on se rappelle subitement d'un nom qu'on n'arrivait pas à retrouver quelques jours plus tôt.

- ça va pas Kyle ?

- affirmatif, allons-y.

Au début, il dû tirer Hashi de force pour la faire traverser la salle de soins et la faire avancer dans les couloirs puis elle se mit à contrôler de nouveau ses membres et la progression se fit plus aisée.


partie du scénario disponible début octobre


L'armurerie était déserte et Gernsen faisait effectivement son marché.

- bordel, je savais pas qu'on avait des fusions.

- c'est l'avantage d'être chef Clément.

Gernsen ouvrit rapidement un coffret métallique kaki où étaient inscrits des codes militaires de couleur blanche. Il en sorti un fusil massif et le tendit à son compagnon.

- on va savoir si le démon du docteur Nagata aime ce genre de calibre.

- qu'est-ce qui te fait dire ça ?

- il n'est pas entré dans le labo de radiologie. De plus, le schéma d'un noyau atomique m'a fait penser à l'étoile gravée sur le sas du Falcon accidenté. Peut-être que Schumann ne délirait pas complètement après tout.

- alors on joue la dernière carte, hein Kyle?

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