FLASH-BACK : lutte armée

Los Angeles : 2160, mission spéciale.

Vers 4 heure du matin le centre commercial était beaucoup moins fréquenté et les badauds prenaient un air décontracté en faisant les vitrines. Une femme démentait cependant la nonchalance de l'endroit. Elle marchait d'un pas vif vers un Escalator menant au niveau 1, ses longs cheveux argent flottant en arrière.

- Kyle à Clément, la cible descend à votre niveau.

Gernsen se trouvait à une cinquantaine de mètres de la femme et faisait semblent d'avoir une conversation à l'audiophone. Il semblait regarder nulle part dans la galerie et ses lèvres remuaient à peine quand il parlait dans son micro portatif.

- OK, nous allons l'intercepter.

- je couvre, terminé.

Kyle quitta la zone d'isolement et se dirigea à son tour vers l'Escalator. Il marchait les mains enfoncées dans les poches de son imper afin de sentir la crosse de son arme fixée à sa taille. En arrivant en haut des marches mécaniques, il pu voir sa cible à mis chemin de l'escalier. En face d'elle, par l'Escalator opposé, Clément et Da Silva montaient de conserve en parlant de la dernière rencontre de foot à Phoenix. La distance entre les deux hommes et leur cible se réduisait. Gernsen se préparait à agir dans les deux secondes à venir.

C'est alors que, contre toute attente, Da Silva s'écroula et Clément chancela en portant une main à sa tête. Aussitôt la femme s'élança et descendant rapidement les marches, suivit par Gernsen. Arrivé au niveau de ses équipiers il sauta par dessus la rambarde fixant toujours un oeil sur la silhouette qui fuyait. Puis il reporta son attention sur Da Silva. Ce dernier était allongé sur le dos, le visage vers le bas. Ses yeux étaient révulsés et du sang sortait par son nez et ses oreilles.

- Kyle ?

- tu te sens comment Clément ?

- j'ai l'impression d'avoir pris 10 g dans la gueule. La salope, qu’est ce qu’elle m’a mis.

Du sang coulait aussi de son nez et il devait garder un genou à terre pour ne pas vaciller.

- contacte Edmond et dis-lui de nous récupérer avec le fourgon au niveau -2. Prends Da Silva et emprunte la sortie de secours à droite. Je m'occupe de la fille.

- ok, fais gaffe.

Gernsen s'était déjà relevé et il dévalait les marches 4 par 4 pour rattraper la fugitive. L'action avait été rapide et avec un peu de chance personne ne s'était aperçu de quoi que ce soit. Son zoom oculaire lui révéla qu'elle montait dans l'ascenseur au bout de la galerie pour le niveau -3. Elle cherchait certainement à rejoindre sa voiture. Il couru à toute vitesse vers le deuxième ascenseur. Celui-ci s'ouvrait alors qu’un personnage d'une quarantaine d'années, habillé en costume cravate, y montait. Après un dérapage contrôlé de ses baskets sur le revêtement en céramique, il surgit dans l'ascenseur devant l'air surpris de l'homme d'affaires.

- on descend.

- désolé monsieur, je monte.

- c'est pas une question.

Il empoigna l'homme par la veste et le projeta dans le couloir où il alla s'écraser contre un mur, son attaché case répandant un flot de papier autour de lui. Puis il appuya derechef sur le niveau -3. Combien avait-elle d'avance ? 4 secondes ? 5 secondes ? Il sortit son pistolet Gauss et enleva la sécurité en vérifiant les munitions.

Alors qu'il descendait, les paroles de l'instructeur lui revenaient en mémoire: "Les psioniques possèdent la faculté d'affecter l'univers physique sans manipulation physique d'aucune sorte. Ils créent ainsi des effets qui ne semblent pas avoir de causes matérielles". Comme l'hémorragie cérébrale de Da Silva. Gernsen comprenait maintenant beaucoup mieux pourquoi les politiciens avaient peur de cette nouvelle "mutation" apparue dans l'espèce humaine et mise en évidence par les chercheurs. La télékinésie pouvait se montrer redoutable et dans certains cas la télépathie se révélait bien pire ! La polémique faisait rage au sein du sénat et une certaine branche du gouvernement considérait les psys comme de la mauvaise herbe qu’il fallait endiguer et arracher quels qu’en soient les moyens. Du moins les psys non recensés et qui oeuvraient dans l'illégalité.

La sonnerie de l'ascenseur l'avertit qu'il était arrivé. Gernsen se dit que cela avertirait également sa proie. Quand les portes s'ouvrirent, il fit un roulé-boulé, couru jusqu'à un pylône et s'immobilisa en écoutant. Son oreille bionique lui permettait de déceler des bruits infimes même au delà des fréquences auditives.

On venait d'ouvrir une portière vers la sortie sud. Il s'y dirigea rapidement et il entendit peu après le démarrage du moteur électrique. La voiture surgit de son emplacement dans un crissement de pneus au moment où il débouchait de l'angle. Instinctivement il s'était mis en position et s'apprêtait à faire feu quand il ressenti de violents maux de tête. Les phares l'aveuglait et se dirigeait droit sur lui. Par pur réflexe il se jeta sur le coté au moment où le véhicule le frôlait. Son entraînement lui permis de se récupérer sur le dos et, couché par terre, il visa au jugé l'arrière de la voiture puis tira.

Le véhicule eut un léger sursaut puis il vira à gauche avant de s'encastrer dans une camionnette. Les armes Gauss reposent sur le principe de l'accélérateur magnétique et les balles peuvent atteindre des vitesses de plus de 5000 m/s. Avec une telle puissance, la voiture et son moteur électrique furent transpercés ainsi qu'un van et le plafond du parking. La charge alla se perdre au niveau supérieur avant d'être enfin stoppée par le béton armé.

Gernsen s'approcha lentement, il saignait légèrement d'une narine et son mal de crâne s'était pratiquement dissipé. Il ne voulait cependant pas prendre le moindre risque et il regarda prudemment par la portière passagère en braquant toujours son pistolet. La balle avait atteint la femme dans le bas du dos et était ressortie par l'abdomen avant de traverser le capot. Le pare-brise était intact mais il était complètement recouvert de sang et de viscères tout comme le tableau de bord.

Une partie de la mission était remplie, il ne restait plus qu'à s'occuper des gardiens et des enregistrements vidéo. Les consignes étaient très strictes à ce sujet : pas de témoins...

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