Acte II, Scène III : découvertes

Les Falcons entraient maintenant dans l'atmosphère. Le vidéocom continuait à transmettre les images et les paramètres techniques du vol d'approche. Le continent d'Europe Neuve était plongé dans la nuit et lorsqu'il emplit entièrement le champ visuel, l'ordinateur afficha le tracé géographique. La cote accidentée se rapprochait à vue d'oeil avant d'être remplacé par une vue du camp archéologique prise à 2000 mètres d'altitude.

- OK les gars, top 5 avant libération des mors. 4, 3, 2, 1.

Les soldats se retrouvèrent libre de leurs mouvements. La navette descendait maintenant verticalement par rapport au point d'atterrissage. Kyle se plaça devant le panneau du sas, ses hommes en formation derrière lui. Il bascula le canal de communication que relayait le système du Falcon.

- Edmond? Clément?

- prêts.

- prêts.

Les deux autres sections dans les navettes étaient également en position de largage. Kyle fixa de nouveau le vidéocom.

Altitude: 974 m

Température: 4° C

Humidité: 45%

Vitesse vent: 1.28 m/s

Largage: 25 s

La lumière s'éteignit et seuls deux néons rouge indiquaient l'emplacement des panneaux d'ouverture. Les hommes attendaient silencieusement le moment de sauter. Ce fut Breen qui rompit le recueillement.

- lieutenant, top 5 avant ouverture sas tribord. 4, 3, 2, 1.

Les deux panneaux du Falcon coulissèrent, dévoilant un puits noir d'obscurité. Kyle voyait les secondes s'égrener sur sa visière de contrôle. A top 0 il sauta dans la nuit, suivit aussitôt par le reste de sa section. La distance au sol n'était que de 30 mètres et les harnais de contre-grav freinèrent la chute pour en faire un atterrissage en douceur. Dès qu'il toucha le sol, le commando se déploya en formation avec la rapidité et la coordination des vétérans. Gernsen vérifia la position de son unité que lui donnait sa carte holographique en tache de fond sur sa visière avant d'engager le déplacement. Au dessus de leurs têtes, les Falcons en position stationnaire balayaient le terrain avec leurs faisceaux sonde et transmettaient les informations aux ordinateurs des armures d'assaut.

- Wolfgang à  Amadéus et Mozart, déploiement en couverture sur vos objectifs.

La roche volcanique était recouverte de petits coquillages et d'algues aux teintes rouge carmin qui attendaient la prochaine marée. Le premier objectif fut rapidement atteint. Kyle et Edmond  Chapoutre se tenaient devant le sas du caisson d'un Falcon.

- bon sang Kyle, t'as vu la tronche du sas?

Celui-ci avait été enfoncé et éventré par ce qui semblait être d'énormes coups de bélier.

- au moins on n'aura pas besoin de frapper avant d'entrer.

Les détecteurs de présence restaient muet et Gernsen se glissa à l'intérieur, le doigt toujours sur la gâchette de son fusil Gauss. Il remarqua qu'une vingtaine d'impacts de blaster criblaient le sas par lequel il venait d'entrer. Peu d'armure auraient supporter un tel feu nourrit.

La marée avait fait disparaître les indices et les charognards marins s'étaient occupés du reste. Ce qui avait été un corps humain reposait à présent disloqué dans l'angle du caisson. Son pistolet reposait à trois mètres de lui.

- couvre-moi, je vais m'approcher.

Les amplificateurs de lumière et la correction de contraste donnaient des détails malheureusement trop nets. Kyle pût identifier le cadavre comme celui d'un homme de race blanche d'environ 70 ans, décédé à la suite d'une éviscération. Il regarda aux alentours pour trouver les intestins de la victimes mais ne il vit rien à part de larges traînées de sang séché qui marquaient les murs et le plafond.

- il a sa bande patronymique sur lui. Spalding J. Ing. ech/8.

- l'ordinateur de Central confirme son identification. Et d'un.

- continuons.

La progression était enregistrée en direct et relayée par les Falcons afin que les enquêteurs de la Police Interplanétaire puissent analyser les détails quand le chef de la section de combat donnerait le feu vert du débarquement. L'IM ne servait qu'à déblayer le terrain s'il y avait un problème.

A part un désordre indescriptible de matériels renversés et de chaises disloquées, il n'y avait pas d'autres corps. Edmond indiquait un petit calepin entrouvert sur une table qui avait été épargné avec d'autres instruments de mesure par le niveau de la marée.

- le mec a eut juste le temps de finir son testament on dirait. La fin est presque illisible.

- souhaitons bonne lecture aux types de l’IPA.

Au moment où les deux hommes quittèrent le caisson, Gernsen reçu un contact du deuxième groupe d'investigation.

- Amadéus à Wolfgang, aucune trace d'activité sur le site des fouilles. Nous continuons le déploiement autour du camp jusqu'à la limite de la zone de sécurité.

- OK Amadéus, bien reçu.

La section de Gernsen se dirigea ensuite vers les tentes d'habitation. En traversant l'espace jusqu'au campement ils remarquèrent un droïde de maintenance figée dans une immobilité inhabituelle.

- ils ont installé des détecteurs de proximité à 20 mètres.

- c'est exact Kyle, ils entourent les tentes. Tu crois qu'ils s'attendaient à recevoir de la visite?

- en tout cas ce n'est certainement pas pour la déco.

Leurs détecteurs toujours muets, ils passèrent en revue les trois tentes avant de s'arrêter dans la dernière qui faisait office d'infirmerie. La marée avait emporté les cadavres s'il y en avait, cependant Kyle fit une nouvelle découverte macabre. Il remarqua aussitôt le canon d'un blaster qui dépassait de sous une armoire. En amenant l'arme à lui, il fit s'enfuir une dizaine d'araignées de mer et découvrit les restes d'un bras qui enserrait toujours la crosse.

- voilà un deuxième membre de l'expédition Spalding.

- tu crois que c'est lui qui a cartonné les murs?

- je l'ignore, l'eau a dû corroder les contacteurs car l'indicateur de charges est éteint.

Il laissa retomber l'arme puis après un dernier coup d'oeil aux alentours il sortit de la tente et porta son regard sur le Falcon des archéologues posé en travers d'une crête rocheuse. Il piquait du nez vers le sol et un de ses pods s'était tordu sous le poids et la poussé des réacteurs. On aurait dit que le pilote avait eut des problèmes au décollage ou à l'atterrissage. Aucune activité apparente ne trahissait l'existence d'une vie humaine à bord. Les faisceaux des détecteurs de présence ne pouvaient percer le blindage de la navette.

- Wolfgang à Mozart, où en êtes-vous ?

- Mozart en ligne. J'ai eu des problèmes pour rentrer par le sas externe de la navette. Il a été condamné de l'intérieur. Même l'ouverture manuelle d'urgence a été mise HS et j'ai du employer des explosifs.

- je te copie Clément, donnes-moi ta position..

- je suis actuellement devant la cabine et je sais pas comment interpréter ce que j'ai sous les yeux.

- retranscris.

- un espèce de pentacle à été dessiné sur le panneau d'accès avec ce qui semble être du sang.

Il y eut une seconde avant que Gernsen reprenne la ligne.

- peux-tu confirmer le dernier message ?

- je répète, je suis devant une étoile à la con tracée avec du sang séché.

- OK, continue l'investigation.

Le centre de contrôles du Falcon était toujours en parfait état de marche et le panneau du poste de pilotage coulissa sans bruit devant Clément. Le commando en armure d'assaut occupait toute la coursive et avait une vue plongeante sur l'intérieur du cockpit. Une femme était assise aux commandes. Son corps était rejeté contre le siège, sa tête pendait sur le coté et ses cheveux cendrés lui masquaient le visage. Une poche de sang ainsi qu'un pistolet à injection avec la dizaine d'ampoules vides d'endomorphine de la trousse de premiers soins étaient éparpillées à même le sol.

- putain de bordel ! Kyle, la gonzesse que je viens de trouver s'est injectée suffisamment de dope dans les veines pour claquer par overdose. Tu m'entends ?

Kyle Gernsen entendait bien mais ses souvenirs le ramenaient déjà plusieurs révolutions terrestres en arrière. Il y a presque une éternité.

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