Le vaisseau marchand

Les Kaoliniens

Moins étranges que les Orchidiennes, les Kaoliniens sont cependant bien déconcertants au premier abord. Kaoline, leur planète, est un monde à l'atmosphère oxygénée et aux océans d'eau salée : des humains peuvent y vivre sans problème. Sa faible gravité autorise le gigantisme des insectes. Les Kaoliniens ressemblent donc à de grandes blattes, de taille " humaine ". Ils possèdent six pattes, dont deux préhensiles. Quatre grands yeux expressifs, polis comme des miroirs, sont entourés de deux longues antennes très fragiles, souvent brisées au tiers ou au quart. Comme beaucoup d'insectes ayant atteint un grand degré de développement, ils traitent les insectoïdes " primitifs " d'une façon que l'on peut qualifier, faute de mieux, de commisération amusée... Si leur société est strictement hiérarchisée, leur mode de vie est loin d'être spartiate : ils raffolent de bijoux, d'étoffes et autres babioles. Tout leur est bon pour embellir, décorer, rehausser leurs belles carapaces de chitine soigneusement laquées. Il n'est pas rare qu'ils détournent à cette fin des objets destinés à un tout autre usage : armes démilitarisées en pendentifs, bidons d'eau raclant le sol derrière eux, tinettes de haute technologie (à usage humain) fièrement fixées sur le dos, la liste est loin d'être close...

La seule richesse de ces insectes est une sorte de kaolin que la nature a gratifié de propriétés extraordinaires: bonne malléabilité, résistance après cuisson excellente, possibilité de mélanger avec à peu près n'importe quoi... C'est certes un fabuleux présent de Mère Nature, les arts " manuels " étant très pratiqués dans la Société Galactique. Néanmoins, ce n'est pas suffisant pour élever un monde au rang de puissance spatiale.

 

Kaolinien & et Société Galactique

Les Kaoliniens se sont révélés des combattants très moyens. Leur flotte militaire est réduite : leur participation à la défense de la Société Galactique est un peu au-dessus du minimum obligatoire. Ils n'ont que trois grands navires de guerre, toujours en mission pour l'intérêt des peuples unis.

Techniciens et savants honorables, leurs découvertes n'ont cependant jamais révolutionné la science galactique. Leur industrie n'est détentrice d'aucun brevet majeur, ni d'aucun savoir-faire particulier.

En revanche, une activité leur convient à merveille : le commerce, et plus exactement, le cabotage... La flotte commerciale kaolinienne est donc composée d'une myriade de navires marchands de faible tonnage, dont la vocation est le petit commerce : les insectes disent fièrement qu'ils sont des Camelots Galactiques. Et de fait, le spectacle d'un " déballage " kaolinien est quelque chose qui s'oublie difficilement! Mais n'anticipons pas... Les astronefs marchands kaoliniens sont tous sensiblement de la même taille. On peut les séparer en deux classes, nommées COMMERCE et NÉGOCE.

Classe COMMERCE, ou la politique du déballage

Les COMMERCES sont lents et à peine armés: leur vocation n'est certes pas de s'éloigner des routes protégées par les navires de guerre (quoique certains le fassent !). Leurs vastes soutes sont emplies d'un bric à brac à rendre jaloux un commerçant portugais. Et de fait, les Kaoliniens utilisent, sur les mondes de basse technologie, un système digne du Senhor Oliveira da Figueira! S'il existe quoi que ce soit qui ressemble à un marché, le vaisseau se pose à proximité. Sinon, la vente commence par un survol à basse altitude des campements, concentrations urbaines, ou ce qui en tient lieu, dans un rayon raisonnable du .lieu d'atterrissage choisi. Le but de la manoeuvre est de faire savoir à tout le monde que " l'insecte-marchand arrive ! ". Puis le navire atterrit/amerrit/se pose sur le lac de lave/au faite des plantes locales, et les marchandises pouvant supporter les conditions du lieu sont déballées. C'est un spectacle assez extraordinaire... La question que posent les représentants des espèces pratiquant une curieuse spéculation intellectuelle nommée " humour " est la suivante: " Que ne trouve-t-on pas dans un déballage kaolinien ? ". Selon la sensibilité des indigènes, les Kaoliniens apparaissent en personne, ou se font représenter par des robots. Les ventes peuvent durer des jours... Généralement, tout se passe bien. Mais il est des mondes d'où des COMMERCES sont repartis en catastrophe, sous les flèches et les huées...

 

NÉGOCE, ou l'art d'être commerçant de choc

Les NÉGOCES sont très différents: les Kaoliniens, pourtant peu férus en matière d'astronefs, en exportent un nombre fort respectable. Ce sont des navires " à rentabilité particulière ", c'est à dire qu'ils ne sont pas économiquement viables selon les règles du commerce normal. Ceci ne signifie pas que ce ne sont que des vaisseaux de contrebande: les Kaoliniens sont des gens probes et travailleurs, et il existe des débouchés honnêtes pour ces navires. Mais SESTERCE constitue une exception peu flatteuse à cette règle.

 

SESTERCE

Il bat pavillon kaolinien. La firme à laquelle il appartient s'appelle " JUSTE NEGOCE ". C'est également sa compagnie d'assurance. Quoique récent, le navire a déjà subi de nombreuses réparations. Pourtant, l'équipage est toujours celui d'origine, signe certain de la satisfaction des propriétaires. En fait, il y a fort à parier que l'engin ira assez rapidement à la ferraille. Il aura pourtant été amplement amorti, et le même équipage se verra aussitôt confier un autre engin tout aussi moderne. Si toutefois il vit toujours et n'est pas en prison...

Transports rapides de marchandises, traversées de zones classées dangereuses, commerces à haut risque dans des secteurs infestés de pirates sont les vocations des NÉGOCES. C'est aussi celles qu'avouent les armateurs de SESTERCE.

Contrebande, trafic, exploration et exploitation clandestines de zones commerciales, atterrissages illégaux sur des mondes interdits dans le but d'activités mercantiles, transport de personnes recherchées par la justice, mais aussi kidnappées, bref tout un éventail d'activités totalement en marge des lois sont la vraie facette des activités courantes de ce singulier vaisseau. Il possède à ce titre un grand nombre d'identités différentes. Des papiers, parfaitement en règle, lui assignent divers ports d'attache, propriétaires, trajectoires passées et plans de vols futurs.

 

Forme et structure

La coque de SESTERCE est susceptible d'être opacifiée ou rendue transparente à volonté. Bien évidemment, des systèmes de sécurité préviennent le passage d'une quantité excessive de rayonnements. Le matériau de la coque est extraordinairement solide, et le navire entier est protégé par un champ de force conséquent (si le système de jeu le permet).

Le navire a la capacité de modifier subtilement son apparence : changement de couleurs, ajout ou retrait de parties mobiles, etc. Les maquillages possibles sont de nature à tromper sans trop de problèmes des officiels non-avertis. Un examen de détail sera bien sûr difficile à mettre en échec.

 

Les ponts

SESTERCE ne possède qu'un pont que l'on peut, en simplifiant, séparer en deux parties :

La partie équipage, très restreinte est pourtant aménagée confortablement Elle est équipée d'un écosystème reproduisant les conditions de vie de Kaoline. Cependant, les Kaoliniens ont quelque fois équipé autrement des navires qui leur avaient été commandés par des espèces aux biologies différentes.

C'est uniquement de cette partie que peuvent être activés les systèmes de pilotage et de tir. Son accès est restreint aux membres de l'équipage, qui sont identifiés à chacun de leurs passages. Une personne non-autorisée fera hurler tous les systèmes d'alarmes (soniques et autres). L'enregistrement d'une personne est une opération qui ne peut être réalisée que par le capitaine ou son second. Le système informatique accepte le nouvel occupant dès lors que le code personnel de l'un des deux officiers lui a été fourni.

La partie dite " payante ", qui comprend un grand espace susceptible d'être aménagé indifféremment en soute, cabines passagers, ou bien même laboratoire de recherche itinérant... Elle est équipée d'un système générateur d'écosystèmes multiples. On peut y reproduire des gravités allant de zéro à vingt g. Les pressions atmosphériques peuvent aller de zéro à cinquante atmosphères, les températures de –150° Celsius à +300° Celsius. Le degré de toxicité relative et l'indice de corrosivité admissibles des écosystèmes sont très honorables... Le nombre maxima d'écosystèmes que l'on peut créer est de un sur une longue période, et trois pour des vols relativement courts. Il est cependant clair que les conditions de vie offertes à d'éventuels passagers sont loin de valoir celles de POLLEN COSMIQUE. La vocation du navire est donc plutôt le transport des marchandises.

Performances

Si les Kaoliniens sont tout à fait capables de fabriquer les moteurs infra et supralumineux des COMMERCES, ils doivent acheter ceux qu'ils montent sur les NEGOCES aux humains... Ils sont incapables de réaliser ces " pièces d'horlogerie ", capables de propulser le petit cargo à des vitesses certes inférieures à celles d'un navire de guerre léger, mais susceptibles de rendre des points aux vaisseaux pirates... et à certains navires douaniers ! Les brochures publicitaires kaoliniennes mettent d'ailleurs l'accent sur les premiers, et sont rédigées de façon à ce que tout le monde pense aux seconds... Il va de soi qu'il n'y a pas de miracle: qui dit gros propulseurs dit perte de place, et la soute est grandement entamée par les moteurs. SESTERCE est, quant à lui, particulièrement rapide. Les réserves de carburant sont aussi importantes que possible, afin de permettre une autonomie correcte, et ce également au détriment de la cargaison.

 

Armement

Les Kaoliniens achètent également leur armement " espace " aux humains. Classé comme " armement d'intimidation ", celui de SESTERCE a effectivement de quoi faire peur... Sans ambiguïté cette fois, il est réservé aux pirates, ou aux navires militaires hostiles. Inférieur à celui d'un astronef d'attaque, sa fonction est moins de détruire l'agresseur que de lui infliger des dommages tels que la rentabilité commerciale de l'attaque devient aléatoire. Une fois de plus, la cargaison paye pour cet armement conséquent. Il n'empêché que voir de telles pièces d'artillerie montées sur un vaisseau marchand l'entoure d'un parfum de mystère aux " yeux " des espèces romantiques. L'équipage doit certes avoir une existence intéressante...

L'armement sol est dissimulé autant que faire se peut. Il peut être commandé de la partie réservée à l'équipage, ou télécommandé du sol ou du véhicule secondaire. Il est composé d'armes de gros calibre, de deux types:

des armes dites " anti-émeutes " : paralysateurs, stunners, étourdisseurs de tous types, mais aussi simples gaz lacrymogènes. La fonction de ces équipements est de " calmer " des clients ou des indigènes trop excités.
des armes de destruction sur tourelle : lasers, blasters, phasers, etc. Ce sont des engins destinés en principe aux " coups durs ". Il faut savoir que l'équipage de SESTERCE n'a aucun scrupule à les utiliser pour servir ses intérêts.

 

Electronique et systèmes informatiques

Ordinateurs grande capacité, logiciels militaires performants (d'origine humaine), systèmes de contre-mesure ne manquent pas. Mais le navire est aussi et surtout fourni en programmes d'analyse des cultures connues (comparatifs) et inconnues (spéculatifs), de recherche sémantique, linguistique etc. A cela il convient d'ajouter des systèmes très perfectionnés (appelés de nos jours intelligence artificielle), d'analyse planètographique, d'écosystèmes et de cartographie. Ces logiciels sont destinés à donner à l'équipage une bonne idée des ressources et des possibilités réelles des habitants d'un monde peu ou pas touché par la Société Galactique.

 

Le véhicule auxiliaire

Sa nature dépend du système de jeu. Le LAUNCH de SPACE OPERA (Seldon's compendium of starcraft 1 -page 6) est un petit engin volant multimilieux idéal pour SESTERCE. La Bulle d'EMPIRE GALACTIQUE constitue un extraordinaire véhicule de service. Le SESTERCE de TRAVELLER se contentera d'un G-Carrier (véhicule antigrav blindé ; The Traveller Book - page 111). Dans tous les cas, ce navire auxiliaire est confortablement armé.

 

L'équipage

L'équipage de SESTERCE, multiracial, est composé uniquement de créatures aérobies, qui peuvent vivre sur Kaoline sans moyen d'assistance aucun, même un simple respirateur (condition que remplissent les humains: un bon nombre d'entre eux travaillent sur des NÉGOCES). Il est aussi restreint que possible, et ce pour une bonne raison : moins on est sur le gâteau, plus les parts sont grosses. Aussi les personnels vivants ont-ils des formations polyvalentes ; les pilotes sont aussi marchands, les artilleurs savent tenir une comptabilité correcte (trop correcte, disent les mauvaises langues), et les mécaniciens connaissent sur le bout des doigts (ou de ce qui leur en tient lieu) l'exobiologie, l'exobotanique, l'exosociologie, etc. Toutes les tâches n'exigeant pas une présence vivante ou une grande intelligence sont assumées par les ordinateurs de bord, ou des robots.

Le recrutement, assez délicat, est assuré par le capitaine, en liaison avec une division de JUSTE NÉGOCE nommée: section coprophage. Les Kaoliniens de ce secteur sont d'honnêtes ronds-de-cuir. Ils sont chargés de transmettre au chef de bord les coordonnées des astronautes adaptés aux conditions de vie kaoliniennes, sans travail suite à des démêlés avec la justice, leur employeur etc., et n'appartenant pas à un de ces peuples pétris d'honneur qui refusent de commettre la moindre entorse aux lois. Le capitaine fait alors surveiller la créature. Si elle se réinsère sans problème dans la Société Galactique, le sujet est abandonné. Sinon, le brave commandant de bord attend qu'elle soit au bout du rouleau, veillant toutefois à ce qu'elle n'amoindrisse pas trop son corps, ni ses facultés intellectuelles. Alors, et alors seulement, il fait prendre contact par une personne adaptée. Selon l'acquis culturel de l'être, ce sera un mâle, une femelle, un noble, un religieux, etc. Ce premier contact est rarement négatif, et la créature embarque pour un vol d'essai, qui se passe sans histoires. Puis on éprouve ses réactions en cas de coup dur, en vol et au sol. Enfin, on teste les deux honnêtetés de l'être : par rapport aux lois de la Société Galactique, et à celles de ce qu'il faut bien nommer du milieu... Si tout est positif, l'étau se referme. La fon-nation de la recrue est complétée dans les meilleures écoles, et aux frais de JUSTE NÉGOCE. Puis SESTERCE possède un nouveau membre d'équipage.

L'équipage est lié par contrat à la société JUSTE NÉGOCE. La compagnie doit toucher chaque bimestre un " droit d'exploitation " rondelet. Tout ce qui dépasse cette somme appartient à l'équipage, à charge pour lui d'assumer l'entretien courant du navire. En échange, la compagnie assure l'engin, prend en charge les grosses réparations. Elle s'occupe aussi des problèmes juridiques mineurs, et autres tracasseries administratives imposées par une Société Galactique qui ne comprend décidément rien au vrai commerce ! Le système est extrêmement motivant, et l'équipage n'a jamais manqué un seul versement, ni connu la faim.

Une fois que tous les frais qui lui incombent sont payés, l'équipage est rémunéré selon un système dont l'origine est très ancienne : les parts. Les bénéfices sont divisés en 1000 parts, qui sont redistribuées en fonction du grade, de l'âge, des besoins métaboliques et culturels, et même des personnes à charge !

Le calcul est très complexe, et les contestations fréquentes.

JUSTE NÉGOCE n'est pas généreux pour rien avec les canailles qui pilotent ses navires spéciaux, dont SESTERCE. Si jamais le vaisseau venait à être arraisonné à la suite de faits particulièrement graves (exploration clandestine, contrebande de produits dangereux, trafic d'esclaves), la compagnie jurerait ses grands dieux ne pas être au courant, et porterait plainte pour abus de confiance. Tenu par l'antique coutume de la loi du silence, l'équipage félon partirait alors vers le châtiment approprié sans espoir de rémission.

 

Micromodules

Ce navire est utilisable de plusieurs façons. Entre les mains de PNJ, ce sera une dangereuse rencontre. Par contre, s'il appartient à des PJ, ceux-ci peuvent choisir d'incarner de parfaites crapules. Plus rarement, ils seront des êtres ambigus, desperados au grand coeur, mais sans scrupules face à la machine économique de la Société Galactique.

 

L'enfant-dieu de Candilène

Sur le thème de la course-poursuite, et réservé aux PJ sans foi ni loi. JUSTE NÉGOCE envoie SESTERCE sur Candilène, monde à niveau de technologie moyen, en passe de rallier la Société Galactique : il est déjà ouvert au commerce avec celle-ci. Les habitants de ce monde, de délicats polypes de chair, très cultivés et raffinés, ont une passion pour la politique. Le Runobre, parti indépendantiste, a promis des contrats mirobolants à JUSTE NÉGOCE si elle l'aidait à faire capoter l'intégration de Candilène. Le moyen choisi est de commettre un sacrilège : le kidnapping du Rejeton Sacré, un jeune Polype qui assume des fonctions spirituelles jusqu'à sa mue d'adulte. L'affaire sera mise sur le dos de forbans de la Société Galactique, qui sera rejetée comme un groupe anarchique incapable d'assurer sa propre police. L'enfant sera remis, à quelques jours de voyage du système de Candilène, a un navire d'une nation politiquement indépendante (que nous appellerons dorénavant l'Entité A). Ce vaisseau ramènera discrètement le jeune Polype sur Candilène, et le remettra au Runobre, sur qui rejaillira la gloire d'avoir su engager les mercenaires capables de résoudre l'affaire. Le contrat stipule que rien de fâcheux ne doit arriver au Rejeton Sacré.

Manque de chance, le Runobre a été espionné par un autre parti, qui souhaite le rattachement de Candilène à l'Entité B, rivale de la Société Galactique. Un navire de l'entité B a éliminé celui de l'Entité A au point de rendez-vous, et va tenter d'abuser l'équipage de SESTERCE. Pour corser le tout, les services secrets de la Société Galactique ont eu vent de quelque chose, et un navire de classe DEMONE est posé sur Candilène, tandis qu'un ou deux de ses congénères croisent dans les parages. Sac d'embrouilles et grosses bagarres garantis.